Depuis janvier 2017, près de 90 000 entreprises ont été radiées du Registre du Commerce et des Sociétés (RCS).
- Ces entreprises ne peuvent plus faire face aux dettes exigibles avec l’actif disponible.
- Si elles sont en cessation des paiements et que le redressement judiciaire s’avère manifestement impossible.
- Une procédure en liquidation judiciaire est alors enclenchée et aboutit à un jugement prononçant la liquidation judiciaire.
La liquidation judiciaire repose sur l’article L641-9-1 du Code Commerce qui dispose que :
« I.- Le jugement qui ouvre ou prononce la liquidation judiciaire emporte de plein droit, à partir de sa date, dessaisissement pour le débiteur de l’administration et de la disposition de ses biens même de ceux qu’il a acquis à quel que titre que ce soit tant que la liquidation judiciaire n’est pas clôturée. Les droits et actions du débiteur concernant son patrimoine sont exercés pendant toute la durée de la liquidation judiciaire par le liquidateur ».
Liquider son entreprise en un clic
Cette situation, hélas courante, n’en demeure pas moins méconnue des entrepreneurs.
CLIC FORMALITÉS vous propose de passer une Journée au Tribunal d’Aix-en Provence pour suivre M. X et assister à l’audience d’ouverture de la liquidation judiciaire de son entreprise.
Les faits :
- M. X est commerçant. Il vend du matériel informatique.
- Son activité est située dans une zone commerciale, où il loue un local à cet effet.
- Jusqu’en 2010, les affaires marchaient bien.
- Depuis, le chiffre d’affaires a périclité.
- Aujourd’hui, l’entreprise est en difficulté et les dettes s’accumulent : URSSAF, loyers, fournisseurs, salaires des employés, etc.
Au vu de sa situation financière, M. X s’est mis en cessation des paiements et a déposé le bilan.
- Son entreprise en difficulté s’est trouvée dans «… l’impossibilité de faire face au passif exigible avec son actif disponible » (Article L631-1 du Code de Commerce).
- M. X a alors fait une déclaration de cessation des paiements auprès du Tribunal de Commerce d’Aix-en-Provence dont dépend son activité.
Qui peut assigner en Liquidation judiciaire auprès du tribunal compétent ?
- Selon l’article L 640-3 du Code de Commerce : “Lorsqu’une personne exerçant une activité commerciale ou artisanale, un agriculteur ou toute autre personne physique exerçant une activité professionnelle indépendante, (…) le tribunal peut être saisi, (…) sur l’assignation d’un créancier, quelle que soit la nature de sa créance, ou sur requête du ministère public. (…)”
- Ainsi un créancier ou le Ministère Public peut assigner l’entreprise en procédure de liquidation judiciaire (De même, pour la procédure en redressement judiciaire). En pratique, l’URSSAF (Unions de Recouvrement des cotisations de Sécurité Sociale et d’Allocations Familiales) est souvent à l’initiative de la procédure. L’assignation doit préciser la nature et le montant de la créance. Elle doit également apporter la preuve de l’état de cessation des paiements de l’entreprise.
Les demandes de placement en liquidation judiciaire doivent établir que le redressement est manifestement impossible.
Quelle définition donner en pratique à la cessation des paiements ?
L’article L631-1 du code de commerce dispose que l’état de cessation des paiements est « l’impossibilité de faire face au passif exigible avec l’actif disponible. Le débiteur qui établit que les réserves de crédit ou les moratoires dont il bénéficie de la part de ses créanciers lui permettent de faire face au passif exigible avec son actif disponible n’est pas en cessation des paiements. »
En pratique, la cessation des paiements repose sur une notion de trésorerie : L’entreprise peut ou non payer le Jour J ce qu’elle doit au Jour J.
Pour savoir si une entreprise est dans la situation d’une cessation des paiements, il faut faire le calcul suivant :
= (Actif disponible – Passif exigible)
Si le solde est positif : L’entreprise n’est pas en cessation des paiements. Elle peut donc s’acquitter de son « passif exigible ». L’entreprise est en mesure de rétablir une situation comptable et financière équilibrée.
– Si le solde est négatif : L’entreprise est en cessation des paiements.
Pour connaître l’ “actif disponible” = (Actif liquide + Actif réalisable)
– L’actif liquide : Sommes réalisables à très court terme (Sommes en caisse, soldes créditeurs provisoires des comptes bancaires à vue, etc).
– L’actif réalisable : Sommes qui seront rapidement converties en liquidité.
Sont exclus de l’actif disponible : Les biens qui ne peuvent être cédés à court terme (Prix d’acquisition du fonds de commerce, prix des travaux effectués dans les locaux de l’entreprise, etc.).
Pour connaître le “passif exigible” = La somme des dettes (De nature civile ou commerciale)
– Dettes certaines : Dettes qui ne font pas l’objet de contestation.
– Dettes liquides : Dettes dont le montant peut être estimé en monétaire.
– Dettes Exigibles : Dettes dont le terme est échu.
Sont exclus du passif exigible : Les créances litigieuses de tiers ou celles ne répondant pas à l’un des 3 caractères précités.
Qui peut faire l’objet d’une cessation des paiements ?
- Toute personne physique exerçant une activité commerciale, artisanale, libérale ou agricole
- Un Entrepreneur Individuel à Responsabilité Limitée (EIRL)
- Un auto-entrepreneur
- Toute personne physique exerçant une activité professionnelle indépendante (Y compris une profession libérale)
- Toute personne morale de droit privé, notamment : Les sociétés commerciales pluripersonnelles = Les Sociétés Anonymes (SA), les Sociétés Anonymes à Responsabilité Limitée (SARL) et les Sociétés par Actions Simplifiée (SAS), les Sociétés Civiles de Gestion et Immobilières, etc.
Mais que va-t-il se passer concrètement pour M. X après sa déclaration de cessation des paiements ?
Au Tribunal de Commerce
Nous sommes un mardi.
Et comme tous les mardis, au Tribunal de Commerce d’Aix-en-Provence a lieu l’audience relative aux liquidations judiciaires. Il est 8h30, la salle des actes commence à se remplir : Avocats, artisans, commerçants, bailleurs, débiteurs etc.
Tous attendent l’ouverture de l’audience.
– M. X : “ J’ai été convoqué à une audience par le Tribunal de Commerce.
Plus rien n’allait au niveau de l’activité. Les dettes se sont accumulées, les créanciers se sont faits pressants, mon bailleur au départ compréhensif, ne l’était plus. J’avais 3 mois de loyers en retard, sans compter tout le reste … J’étais débiteur sur quasiment tous les plans. J’ai donc demandé à mon comptable de me faire un bilan de la situation financière de l’entreprise. Le résultat était sans appel : L’entreprise était en cessation des paiements. On doit mettre la clé sous la porte.
En tant que débiteur, j’avais 45 jours pour déposer une déclaration de cessation de paiements à compter de la date de cessation des paiements.
Et en tant que commerçant, il fallait que je m’adresse au greffe du Tribunal de Commerce. Etant donné mes relations tendues avec les différents créanciers, j’ai écarté la procédure de conciliation. J’ai demandé à ce que mon entreprise soit mise en redressement judiciaire. Et 15 jours, après je suis au Tribunal de Commerce pour l’audience.“
- Pour rappel :
– Tout débiteur, personne physique ou dirigeant, qui oublie sciemment d’effectuer la déclaration de cessation des paiements risque des sanctions, principalement une interdiction de gérer.
– Si un créancier a déjà saisi le tribunal et fait la demande d’ouverture d’une procédure de redressement ou de liquidation judiciaire, le débiteur est malgré tout tenu de faire cette déclaration de cessation des paiements.
Retour au Tribunal de Commerce d’Aix-en-Provence.
Les portes s’ouvrent et le greffier apparaît. Il demande à tous d’entrer dans la salle.
Sont toujours présents à l’audience du Tribunal de Commerce :
- Le Président du Tribunal de Commerce et ses 2 assesseurs. Ils sont choisis parmi des commerçants ou des dirigeants d’entreprises. Bénévoles, ces juges consulaires ne sont pas des juges professionnels.
- Le greffier du Tribunal en charge de prendre en note tout ce qu’il se dit au cours de l’audience.
- Le ministère public représenté par un Magistrat du Parquet, en charge de garantir de l’ordre public économique
- Les liquidateurs judiciaires en charge des différentes affaires.
- Les représentants de la société en liquidation.
Un appel est effectué :
- La société est présente avec un dossier complet : L’affaire est traitée le jour dit.
- La société est absente : L’audience est repoussée ultérieurement.
- La société est présente mais demande un délai : Celui-ci est ou non accepté par le Président.
Une fois ce premier appel fini, le greffier invite chacun à sortir.
Après quelques minutes, il réapparaît et invite la première société à se présenter.
M. X entre alors dans la salle d’audience.
Il n’a pas désiré se faire accompagner d’un avocat ni de son expert comptable.
Le dirigeant et le représentant des salariés sont entendus à huis clos, en Chambre du Conseil.
Après une heure d’audience, M. X sort.
« C’était assez impressionnant. Il y avait beaucoup de personnes présentes. Le Président du Tribunal m’a demandé des informations sur l’entreprise, sur son activité. : Paiements des créanciers, détails techniques et si une conciliation avait pu être obtenue.
Le représentant du Procureur de la République a pris la parole. Il a estimé qu’au vu de l’état de mes finances et de la situation de mon entreprise, on devait écarter la procédure de redressement judiciaire et préférer la procédure de liquidation judiciaire ».
Pour rappel, la procédure de liquidation judiciaire est choisie si 2 conditions sont réunies :
- L’entreprise est en cessation des paiements.
- Le redressement est manifestement impossible.
La liquidation judiciaire a pour but de mettre fin à l’activité de l’entreprise et de réaliser son patrimoine par cession globale ou par une liquidation séparée de ses biens et de ses droits.
M.X : « Le Président a ensuite conclu et m’a dit que mon entreprise allait faire l’objet d’une procédure de liquidation judiciaire. Il a également affirmé que la poursuite de l’activité de l’entreprise était autorisée pour une période de 3 mois pour faciliter une solution de cession. Le Président a aussi indiqué que cette ouverture de la procédure de liquidation judiciaire a plusieurs impacts. Par exemple, en tant que le débiteur, on ne peut plus administrer les biens de l’entreprise tant que la liquidation n’est pas close ainsi que le gel des poursuites contre l’entreprise et la nomination d’un juge commissaire par le tribunal. Il veillera au bon déroulement de la procédure. Un liquidateur judiciaire est aussi nommé et il se substitue au chef d’entreprise».
Le tribunal a donné 3 mois au liquidateur judiciaire pour tout remettre en ordre.
Passé ce délai, M. X sera à nouveau convoqué par le Tribunal.
Il sera fixé sur son sort et celui de son entreprise.
Cette audience sera également importante pour le maintien de l’activité de l’entreprise.
Le liquidateur aura alors 3 mois pour trouver un repreneur.
Liquider son entreprise en un clic
Clic formalités sera là pour le dénouement de cette procédure de liquidation judiciaire.
Affaire à suivre.
Sources :
https://www.legifrance.gouv.fr
https://www.infogreffe.fr/
http://www.justice.gouv.fr/